Etre solidaire avec les migrants : une expérience à Genappe.

Comme l’explique Michel Agier, anthropologue, « les nouvelles formes d’accueil des migrants par les citoyens renouent avec l’hospitalité privée, cette pratique sociale qui traverse toute les cultures, mais elles sont aussi un acte militant contre des Etats qui ont abandonné l’hospitalité pour une politique de contrôle migratoire ».

Bénédicte a fait le choix d’être solidaire. Elle habite le centre de Genappe. Elle participe activement à la vie associative de la ville : le Centre Culturel, Le Monty, les Petits Pots... Nous l’avons rencontrée pour en savoir un peu plus sur les raisons de son choix.

C'est quoi accueillir des migrants?

Grâce à la plate-forme du Parc Maximilien (Bruxelles) est né un réseau de familles accueillantes pour éviter que les migrants soient voués à dormir dehors et tous les risques que cela comporte (éviction par la police, froidure, faim, hygiène). Chez moi, l'accueil peut-être d'une ou deux nuits, ou prolongé suivant l'état physique des personnes accueillies.

Nous avons créé une chaîne solidaire entre hébergeurs (ses) dans tout le pays. Un appel téléphonique de la plate-forme ou d'autres hébergeurs (ses) me demande mes disponibilités. Si je suis disponible, s'ensuit la recherche de chauffeurs (euses) qui veilleront à conduire chez moi les personnes que j’accueille, depuis une gare, depuis Bruxelles parfois.

Accueillir chez-moi, c'est : le repos qu'ils n'ont parfois plus depuis plusieurs jours, douches revigorantes, lessives de leurs quelques vêtements, repas. Je découvre leurs alimentations qu'ils me préparent avec plaisir. Tout ceci a un coût : eau, gaz, électricité, aliments, tickets retour (bus-train)...

Je communique avec eux dans un anglais bien relatif, ou par mime, ou via la Google Traduction, ce qui suscite parfois des quiproquos et de sérieux fous rires. La moyenne d'âge qui passe par la maison varie entre 16 ans et...40 ans (femmes-hommes-adolescents) en sachant que leur horrible périple dure parfois de 2 à 5 ans. Ils viennent du Soudan, Érythrée, Libye, Éthiopie, Égypte…

Personnellement ma démarche est de leur apporter une aide ponctuelle dans l’espoir d'être une étape, un petit havre sur leur chemin, et aucunement de l'assistanat permanent.

Pourquoi t'es-tu engagée dans le groupe Genappe Solidaire ?

Ma devise et ma motivation première de l'accueil : un toit et un repas. Je trouve inacceptable qu’actuellement un être humain dorme dehors. De cette action solidaire au départ est née à Genappe, grâce aux citoyens, un groupe « Genappe Solidaire » : une merveilleuse entraide où hébergements, voiturages, lavandières, récoltes de vivres, stockages de vêtements, repas partagés ont créés des liens forts et indispensable pour tenir notre investissement sur la longueur. Notre commune a accepté à l'unanimité d'être « Commune Hospitalière » et a créé un groupe de travail (représentants de la ville et représentants de bénévoles), où on aborde l'avenir et les projets à mettre en place pour rendre notre commune plus hospitalière.

Qu'est que cela t'apporte ?

Le fait d'accueillir pour moi ce n'est pas un don. Je reçois énormément de ces « passagers » : culture, joyeux moments, entraides. J'admire leur positivisme et l'esprit d'entreprise malgré leur périple « inimaginable ».

Pour plus d’info consulter notre page Facebook ‘Genappe Solidaire’!

Cet article vous est proposé et rédigé par l'asbl Genappe Solidaire, membre du groupe de travail Commune Hospitalière